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La guitare aux Eurockéennes de
Belfort

Presqu'île de Malsaucy, du 1er au 3 juillet 2005


       Itv Bumcello
 

Dossier et photos réalisés par
Christine Hamdi
SONIC YOUTH : le domptage du larsen

Le groupe mythique de New York est de retour pour faire du bruit aux Eurockéennes.
Dans les sets de Sonic Youth, ce qui domine, c'est généralement la provocation et les expérimentations sonores en tous genres, notamment pour apprivoiser le larsen et la distorsion.
Même si certains habitués et fans de longue date ont trouvé le show trop " soft ", il n'en restait pas moins typiquement sonickien !

Kim Gordon
Kim Gordon

Outre le défilé permanent de guitares et de basses Gibson (SG, Les Paul, Thunderbird) et Fender (Stratocaster et Jaguar) - de toutes les couleurs, bleues turquoises, fluo, orange, vertes, sunburst… dont certaines complètement customisées - qui nous ravit les yeux, voici pour vous les incontournables de ce concert.
Premièrement, le grand show de masturbation guitaristique de Thurston Moore. On entend souvent que la guitare peut revêtir, pour certains musiciens, un caractère un peu sexuel, mais là, ouh ! c'est cash ! La guitare de Thurston devient une sorte d'appendice de son membre inférieur, qu'il caresse tendancieusement, voire très explicitement, jusqu'à se transporter dans un état de jouissance absolue… ! Mémorable !

Thurston Moore avec son tee-shirt Church kicker

S'ensuit une bataille de guitares, entre Thurston et Lee Ranaldo, deux Fender fluo, une verte et une orange, on se croirait dans star wars ! La guitare est complètement personnifiée quand Thurston s'enrage dessus puis la jette à terre et la débranche, la " laissant pour morte ", gisant sur le sol.
Mais ce ne sont là que des aspects " esthétiques ". Le plus intéressant reste la recherche permanente du son, des limites du larsen et de la saturation.
Tout est bon pour produire les sons les plus fous : gratter les cordes depuis le chevalet pour un effet suraigu jusqu'au haut du manche, au-dessus de la main gauche qui joue les accords…. taper sa guitare contre les enceintes… frotter les cordes contre le coin des enceintes, utilisant ce dernier comme un archet sur un violon et produisant une sorte de grincement maîtrisé… utilisation du bottleneck, remontant du micro humbucker au haut du manche, et bien sûr d'un nombre incalculable de pédales à effets, sur lesquelles Lee passe la moitié de son temps.
Et même sans effets, le simple toucher des cordes produit les effets les plus bizarres. Thurston, en contorsionnant le poing de sa main droite produit des sons complètement dissonants. Kim Gordon pousse des hurlements qui déchirent l'air (et ses cordes vocales ?).

Jim O'rourke
Lee Ranaldo et Jim O'rourke

Sonic Youth finit sur un très long larsen maîtrisé, qu'ils arrivent maintenir pendant plus de 10 mn, en jaugeant continuellement la distance de leurs guitares aux amplis, les volumes des différents appareils, les effets (saturation, delays…), etc.
Alors que Thruston arpente la scène en tenant sa guitare au-dessus de sa tête comme si c'était une antenne et qu'il cherchait à capter la bonne fréquence, Lee tient sa Fender verte la tête en bas, comme pour en déverser les notes partout… il la fait ensuite osciller comme un pendule… il cherche décidément quelque chose… ! Une expérimentation de plus de 5 mn, qui tient tout le public en haleine, un peu comme un dompteur de fauves, dont on a peur qu'il finisse par se faire mordre à force de jouer avec le feu.
Tout cela se termine dans un bourdonnement qui rappelle une corne de brume, avec un Thurston gisant à terre, un micro dans la bouche, qui altère sa voix qui va du gémissement à de véritables cris de bête qu'on égorge, et se contorsionnant comme un fou dans sa camisole.

Bon, c'est vrai, ils ne sont plus tout jeunes, et peut-être que le show est moins nerveux qu'il y a quelques années, mais Sonic Youth reste quand même un groupe à voir absolument en concert, le show est vraiment unique.

Thurston Moore
Kim Gordon