Le groupe mythique de New York est
de retour pour faire du bruit aux Eurockéennes.
Dans les sets de Sonic Youth, ce qui domine, c'est généralement
la provocation et les expérimentations sonores en tous genres,
notamment pour apprivoiser le larsen et la distorsion.
Même si certains habitués et fans de longue date ont
trouvé le show trop " soft ", il n'en restait pas
moins typiquement sonickien !
Outre le défilé permanent
de guitares et de basses Gibson (SG, Les Paul, Thunderbird) et Fender
(Stratocaster et Jaguar) - de toutes les couleurs, bleues turquoises,
fluo, orange, vertes, sunburst
dont certaines complètement
customisées - qui nous ravit les yeux, voici pour vous les
incontournables de ce concert.
Premièrement, le grand show de masturbation guitaristique
de Thurston Moore. On entend souvent que la guitare peut
revêtir, pour certains musiciens, un caractère un peu
sexuel, mais là, ouh ! c'est cash ! La guitare de Thurston
devient une sorte d'appendice de son membre inférieur, qu'il
caresse tendancieusement, voire très explicitement, jusqu'à
se transporter dans un état de jouissance absolue
!
Mémorable !
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Thurston
Moore avec
son tee-shirt Church kicker
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S'ensuit une bataille de guitares,
entre Thurston et Lee Ranaldo, deux Fender fluo, une
verte et une orange, on se croirait dans star wars ! La guitare
est complètement personnifiée quand Thurston s'enrage
dessus puis la jette à terre et la débranche, la "
laissant pour morte ", gisant sur le sol.
Mais ce ne sont là que des aspects " esthétiques
". Le plus intéressant reste la recherche permanente
du son, des limites du larsen et de la saturation.
Tout est bon pour produire les sons les plus fous : gratter les
cordes depuis le chevalet pour un effet suraigu jusqu'au haut du
manche, au-dessus de la main gauche qui joue les accords
.
taper sa guitare contre les enceintes
frotter les cordes contre
le coin des enceintes, utilisant ce dernier comme un archet sur
un violon et produisant une sorte de grincement maîtrisé
utilisation du bottleneck, remontant du micro humbucker au haut
du manche, et bien sûr d'un nombre incalculable de pédales
à effets, sur lesquelles Lee passe la moitié de son
temps.
Et même sans effets, le simple toucher des cordes produit
les effets les plus bizarres. Thurston, en contorsionnant le poing
de sa main droite produit des sons complètement dissonants.
Kim Gordon pousse des hurlements qui déchirent l'air
(et ses cordes vocales ?).
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Jim
O'rourke
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Lee
Ranaldo et Jim
O'rourke
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Sonic Youth finit sur un très
long larsen maîtrisé, qu'ils arrivent maintenir pendant
plus de 10 mn, en jaugeant continuellement la distance de leurs
guitares aux amplis, les volumes des différents appareils,
les effets (saturation, delays
), etc.
Alors que Thruston arpente la scène en tenant sa guitare
au-dessus de sa tête comme si c'était une antenne et
qu'il cherchait à capter la bonne fréquence, Lee tient
sa Fender verte la tête en bas, comme pour en déverser
les notes partout
il la fait ensuite osciller comme un pendule
il cherche décidément quelque chose
! Une expérimentation
de plus de 5 mn, qui tient tout le public en haleine, un peu comme
un dompteur de fauves, dont on a peur qu'il finisse par se faire
mordre à force de jouer avec le feu.
Tout cela se termine dans un bourdonnement qui rappelle une corne
de brume, avec un Thurston gisant à terre, un micro dans
la bouche, qui altère sa voix qui va du gémissement
à de véritables cris de bête qu'on égorge,
et se contorsionnant comme un fou dans sa camisole.
Bon, c'est vrai, ils ne sont plus tout
jeunes, et peut-être que le show est moins nerveux qu'il y
a quelques années, mais Sonic Youth reste quand même
un groupe à voir absolument en concert, le show est vraiment
unique.
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Thurston
Moore
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Kim Gordon
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