Quand on change
les cordes, ce chevalet n'a-t-il pas tendance à bouger
?
Il faut les changer une par une. En général, les
banjoistes mettent un petit trait au crayon sur la peau pour repérer
l'emplacement du chevalet. Chaque réglage de l'instrument
impose de régler la position du chevalet.
Les cordes ?
Ce sont des cordes acier, comme les cordes de guitare. On trouve
des jeux pour banjo mais on peut tout aussi bien se monter son
propre jeu à partir de cordes de guitares.
Pourquoi la 5ème corde démarre-t-elle à
la 5 ème fret ?
J'avoue ne pas le savoir. Je crois qu'elle été ajoutée
à la fin du siècle dernier par un certain Joel Sweeney.
C'est un sol à l'octave du sol du milieu. Ce décalage
implique d'avoir un capodastre spécifique pour cette corde.
(voir : http://www.frets.com/).
J'installe des petits clous chemin de fer sur le manche au niveau
de cette corde. Il suffit de la passer dans ces clous pour changer
de tonalité. (voir http://www.frets.com/).
NDLR: Voir aussi le fabricant de capo Shubb : http://www.shubb.com/FS.html
NDLR:
ce fameux ajout de 5 ème corde est effectivement souvent
crédité à Joel Walker Sweeney. Mais cette
version est fausse car Sweeney est né en 1810. Or un tableau
(intitulé "The Old Plantation" daté d'entre
1777 et 1800 nous montre déjà cette 5 ème
corde. Le mystère reste entier !
cliquez sur la photo pour l'agrandir et voir l'oeuvre complète
Le banjo est un instrument qui se prête fort bien à
la décoration ?
C'est même une tradition. Je fais toutes les incrustations,
c'est un de mes plaisirs. Je me suis fabriqué mes propres
outils pour toutes les découpes, de nacre notamment.
Qui sont tes clients ?
C'est très mélangé. Professionnels bien sur,
amateurs, amateurs avertis, mais il y a aussi des débutants
qui souhaitent démarrer avec un excellent instrument.
Ta gamme de prix ?
Je ne fabrique pas de banjo à moins de 15 000f. C'est même
plutôt 20 000. Pourtant, c'est moins compliqué à
fabriquer qu'une guitare mais les matériaux sont coûteux.
J'ai pour 8000f de pièces sur un banjo de qualité
(mécaniques, corps en bronze, véritable nacre, bois
etc).
le poids est assez surprenant ?
Oui, c'est lourd. Il faut compter cinq à six kilos.
Quelques traits typiques du banjo ?
Le manche a un petit angle pour donner une tension aux cordes
afin qu'elles ne "s'échappent" pas. C'est un
cordier dit amovible. Le fût est toujours en érable,
car c'est un bois qui résonne, qui va très vite,
qui laisse courir le son. Le reste peut être en noyer, érable,
acajou pour les bas de gamme. Celui-ci est en noyer naturel. Chez
moi, la touche est en ébène. Cela dit on peut me
demander d'autres essences. Le sillet est en os ou en ivoire que
je récupère, sur de vieilles touche de piano par
exemple. Il y a donc un résonateur qui projette le son
vers l'avant par l'intermédiaire des ouies de cette pièce
métallique. Elle n'a pas de nom en Français, on
la nomme la "flange". Toujours bronze et bois précieux.
A l'intérieur du banjo, il y a deux barres parallèles
qui empêche le fut de s'ovaliser sous la tension des cordes.
Ces barres se vissent sur le manche.
Comment fabriques-tu ce corps en acier ?
Malheureusement, il n'existe aucun fondeur en France qui veuille
me faire cette pièce. Je suis donc obligé de l'acheter
aux Etats-Unis. C'est dommage car j'aurais d'autres idées
de fabrication tant au niveau forme que résonance.
L'entretien ?
Entretenir ce qui est vital bien sur. Sans plus. Changer la peau
régulièrement, car à force d'être tendue/détendue
elle "sonne" moins. Changement tous les deux ans pour
quelqu'un qui joue beaucoup.
Jacques Carbonneaux et Jean-Pol
D'hulzt
Nous essayons l'instrument
(le banjo personnel de George Assaban).Le son est magnifique et
puissant. Beaucoup de sustain. Mais c'est un instrument déroutant
au départ pour un guitariste, non du fait de l'open tuning
(le banjo est en open de G courant chez les guitaristes), mais
surtout du fait de l'absence des deux cordes de basse (Mi et La),
plus cette corde G qui ne commence qu'à la 5ème
frette ! On a tendance à décaler les positions des
doigts sur le manche. Et puis après quelques hésitations,
on (re)trouve ses marques. Cela devient vite ludique.