Quelle est l’histoire des Rencontres
d’Astaffort ?
C’est au début 1992 que
"l’affaire" a commencé. A cette époque là
a eu lieu une conjonction de circonstances qui ont permis au projet
de naître et de se développer. En l’occurrence,
la présence d’une nouvelle équipe municipale
décidée à rechercher un projet capable de créer
une dynamique socioculturelle et économique locale et confrontée
à la nécessité de sauver un patrimoine en très
très mauvais état (la vieille halle au blé
du village et l’ancienne école de garçons qui
menaçaient ruines), la présence dans cette équipe
d’un conseiller municipal nommé Francis
Cabrel, d’un architecte, d’un enseignant fortement
engagé dans l’associatif, d’un élu régional
en la personne du maire et l’arrivée pour deux ans d’un
stagiaire engagé dans une formation axée développement
local, moi…
Après une période d’évaluation
très large, ce petit groupe s’est vite cristallisé
autour d’une constatation émise par Francis… On
imaginera sans peine la masse de sollicitations dont peut faire
l’objet une artiste comme lui… Parmi celles-ci Francis
reçoit un jour, quasi simultanément, des courriers
d’un auteur et d’un compositeur qui se lamentent dans
leur coin et se désespèrent de leur solitude. Il constate
que, curieusement, ceux-ci habitent le même coin de France
mais ne se connaissent pas…
Lors d’une réunion, il
nous raconte cette anecdote et nous explique qu’il lui est
impossible de répondre personnellement à toutes les
sollicitations dont il fait l’objet et nous pose la question
suivante : "Peut-on imaginer un projet qui réponde à
ces attentes de façon collective ?".
La piste était lancée.
La Municipalité souhaitait déjà transformer
la halle (salle des fêtes vétuste et devenue dangereuse
à l’époque) en salle de spectacle. Nous allions
imaginer des stages qui allaient permettre de recevoir de jeunes
auteurs, compositeurs et interprètes de la chanson, il nous
fallait une structure d’accueil et l’ancienne école
était toute désignée ! Nous avons mis en œuvre
les études qui permettaient de rénover ce bâti,
l’un en salle de spectacles, l’autre en structure d’accueil
permettant l’hébergement, la restauration et disposant
de salles de travail. Suite à quoi, nous nous sommes lancés
dans les dossiers de financements et obtenus au bout du compte le
soutien du ministère de la culture pour la salle et des fonds
européens pour la structure.
En peu de mois, Voix du Sud était
créée officiellement en juillet 1992. Dans la foulée
le développement du concept des "Rencontres" était
lancé et la structure première du stage définie
par mon ami Bertrand Ledoux, fondateur et l’animateur des formations
de chargés de production à Issoudun (ce que l’on
appelait à l’époque "Managers du Monde de la
Musique"). J’en profite pour lui exprimer notre reconnaissance
pour son aide précieuse et pour lancer un message ! Nous
travaillons pour les artistes, lui pour ceux qui les entourent,
si vous avez une âme de manageur, c’est Bertrand qui
fera de vous des pros ! En Octobre
1993 la salle était inaugurée… En Juillet 1994
la structure d’accueil était ouverte… Les première
"rencontres" démarraient en octobre de la même année.
Et nous venons de terminer les vingtièmes (!)
Comment s’exerce la sélection
des candidatures ?
La mécanique est assez simple…
L’objet de cette sélection est de "repérer" des
talents potentiels; Notre intérêt se porte sur l’originalité
et l’intérêt artistique, ainsi que, bien sur,
sur le savoir faire qui doit aller avec. Les débutants talentueux
ont autant de chance d’être retenus que ceux qui ont
un parcours professionnel très étoffé. J’insiste
sur cette notion ! L’originalité prime pour une raison
simple. Les futurs professionnels et grands professionnels de la
chanson seront ceux qui apporteront au public de nouveaux univers.
Les "suiveurs" ont peu d’espoirs…
Nous sommes trois à réaliser
les écoutes (Francis, Jean François Delfour et moi-même)
séparément et sans nous consulter. Nous notons chaque
candidature (il s’agit seulement de repères de travail
et de comparaison et en aucun cas de notes ayant une valeur utilisable
en soi…). Lorsque chacun de nous a écouté l’ensemble
de la série correspondant à une sélection (environ
150 à 200), nous remettons nos résultats à
une personne qui se charge "d’aligner" nos notes et de nous
faire part des résultats. Lorsque des divergences de notes
apparaissent et traduisent une éventuelle "sur" ou "sous"
notation de l’un d’entre nous, la candidature est automatiquement
mise en réécoute pour une prochaine session et le
candidat se voir proposer d’envoyer de nouveaux éléments
qui permettront d’étoffer sa candidature. Lorsque tout
ceci est fait, nous constituons l’effectif du stage avec la
liste des candidats retenus.
Petite précision… Nous
sélectionnons autant de candidats que nous en jugeons de
recevables et notre "sévérité" ne dépend
aucunement ni du nombre de candidatures, ni de la nécessité
d’avoir 18 stagiaires au final pour un stage (notre travail
par la suite est de définir un groupe de 18 équilibré
en auteurs, compositeurs et interprètes, de gérer
les disponibilités de chacun, les éventuels désistements
et la répartition des retenus sur plusieurs sessions si nécessaire).
A l’issue de la procédure,
les retenus sont rapidement contactés par téléphone.
Tous ceux qui ne le sont pas, ainsi que les "avis partagé"
reçoivent un courrier.
Voix du Sud garde-t-elle des contacts
avec les anciens stagiaires ?
Selon une formule largement utilisée
et usée, Les "rencontres" sont : "la partie émergée
de l’iceberg", Voix du Sud réalise et participe également
à un nombre considérable de choses et le quotidien
de l’association est rempli de tâches moins visibles
et évidentes, l’une d’elle est effectivement de
garder le contact avec nos stagiaires. Nous avons la satisfaction
de garder le contact (dans la mesure ou ceux-ci le souhaitent bien
évidemment) avec la grande majorité de nos "anciens"
et ce depuis la première session en 1994.
Leurs coordonnées sont mises
à jour régulièrement et nous essayons de suivre
et mesurer leur parcours. Nous les encourageons à nous donner
des nouvelles, à nous faire parvenir leurs maquettes, à
nous tenir au courant de leur capacité à faire de
la scène, à nous informer de leurs réussites
éventuelles. De notre coté nous essayons d’assurer
un conseil, de proposer à l’occasion des stages, des
premières parties, d’une manière générale
de leur faire profiter d’opportunités dont nous aurions
connaissance, ceci en recherchant dans ce fichier les artistes qui
correspondront le mieux à une situation donnée (d’où
la nécessité d’obtenir auprès du plus
grand nombre des informations régulières).
Bien entendu, dans cette logique, tout
le monde ne profite pas de tout et cela peut engendrer parfois des
frustrations. Il faut préciser cependant qu’un artiste
qui ne serait pas prêt se verrait envoyé au désastre
sur certaines scènes et qu’une mauvaise réputation
est pire que pas de réputation du tout (!). Nous assumons
la responsabilité de juger de qui peut faire quoi car nous
nous devons d’être sérieux et crédibles
non seulement vis-à-vis des artistes, mais aussi vis-à-vis
des diffuseurs, ainsi éventuellement que des maisons de disques.
Les diffuseurs, programmateurs et autres maisons de disque ont des
logiques propres que l’artiste ne perçoit pas nécessairement
clairement (il y a souvent pas mal de malentendu entre eux…)
et dans ce cas nous faisons fonction "d’interface" entre eux.
Nous considérons qu’un artiste bien choisi dans le cadre
d’un événement et grâce au succès
de sa prestation constitue une "investissement" qui crédibilise
la "marque de qualité" d’avoir participé aux
"rencontres" et qu’ainsi il prépare le terrain pour
des artistes, moins avancés, ou plus lents dans leur développement
qui viendront par la suite se confronter à ces structures.
Pour en revenir au suivi quotidien
des stagiaires et pour conclure, nous venons de transmettre à
l’ensemble des "anciens" un questionnaire qui va nous permettre
de réaliser une "photographie" de leur situation aujourd’hui,
après 10 ans d’existence de l’association. Tous
les jours des réponses nous parviennent en retour et nous
allons pouvoir dépouiller ces documents prochainement.
Quelle est la raison de la mise
en place d’un spectacle à Paris depuis l’an dernier
?
Le spectacle parisien de Voix du Sud
est le fruit d’une réunion de l’ensemble des nos
partenaires souhaitée par Francis et qui s’est tenue
en juin 2001 au siège de l’ADAMI à Paris. A cette
occasion nous souhaitions faire le point de la situation du projet
et évaluer son développement avec l’ensemble
de nos partenaires professionnels et le Ministère de la Culture.
Le constat à cette époque
était que les "rencontres" nous avaient permis d’identifier
un nombre considérable d’artistes que nous jugions comme
particulièrement talentueux et que peu de professionnels
faisaient la démarche de les découvrir et notamment
l’effort de rejoindre Astaffort lors des spectacles de clôture
de stage. La conclusion simple était que si Paris ne se décidait
pas à descendre à Astaffort, nous devions alors monter
à Paris et leur présenter le travail de l’association
et de ces artistes.
Ce premier "débarquement" à
la capitale aura été ainsi fait au Casino de Paris
le 24 juin de l’an dernier, accompagné d’une importante
opération médiatique et de l’appui très
symbolique de Francis qui aura pour l’occasion assuré
la vedette du spectacle. Nous avons eu la satisfaction de faire
le plein du Casino (1500 places) avec une forte représentation
du "métier" et des médias.
Aujourd’hui, nous resserrons le
projet sur la mission authentique de l’association, à
savoir la formation et l’accompagnement professionnel de jeunes
artistes. Notre choix s’est porté en 2003 sur la Maroquinerie
et l’éclairage de l’événement se
fera de manière renforcée sur l’aspect découverte
; le spectacle des "rencontres" mais aussi, la découverte
de "Jamait" un jeune groupe dijonnais dont la carrière évolue
à pas de géant et dans laquelle Voix du Sud aura occupé
une place de premier plan. Il y aura aussi d’autres choses
à découvrir… Et dont nous ne dirons mot pour
l’instant…
Quel est ton rôle au sein
de Voix du Sud ?
Quoi dire ? J’en assure la direction…
Je suis là depuis les prémices et j’ai donc suivi
"l’affaire" dans tous ses aspects et ses développements.
Voix du Sud est au quotidien une toute petite équipe de deux
permanents ce qui implique la nécessité de changer
constamment de "casquette". Mon rôle est à la fois
artistique et administratif, je dois également tout aussi
bien maîtriser l’équilibre financier, entretenir
et développer les partenariats qu’assurer une grande
part des relations publiques ; concevoir des contenus et gérer
l’équipe quand la machine se met en marche… projeter
sur l’avenir. Parfois savoir "écouter" les états
d’âmes et gérer les crises (Ah ! les charmes de
la vie de groupe !)… Les stagiaires m’ont déjà
qualifié de "grand menhir" ou encore "gardien de la grotte"
( !?)… Chef d’Orchestre ? (et quel orchestre…) La
formule ne serait-elle pas assez appropriée en la circonstance
?
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