Bobby Keys, qui
avait travaillé avec Cale à Los Angeles, et travaillait
avec Delaney & Bonnie, téléphona à Cale
pour lui dire que Clapton avait enrgistré "After Midnight".
Mais Cale entendit ce qu'il avait coutume d'appeler des sornettes.
Il n'y prêta guère attention jusqu'à ce que
le morceau lui parvienne dans son auto-radio à Tulsa. Il
n'avait jamais entendu une seule de ses chansons en Radio auparavant.
"After Midnight" devint un hit du Top 20 fin 1970.
Audie Ashworth : "J'ai appelé Cale
pour lui dire : il serait peut-être temps que tu te bouges.
Fais un album. Rassemble tes chansons".
Il m'a répondu "Je ferai un 45t".
J'ai insisté "Non, un album".
"J'ai pas assez de chansons".
"Ecris en d'autres !".
"Trois ou quatre mois plus tard, il m'a rappelé : 'J'ai
les chansons'. Et il est venu. Il conduisait une Volkswagen à
cette époque. Il est arrivé avec son chien, Foley.
Il m'a tout joué".
Ashworth entendit un JJ Cale différent. Cale
avait travaillé un sorte de mélange de country, blues
et rockabilly. Le temps d'être honnête envers lui-même
était arrivé.
Ashworth se souvient
"nous sommes allés tous deux aux studio de chez Moss-Rose
et on a fait les prises de 'Call me the Breeze', 'Crying Eyes',
'Rivers Runs Deep' et 'Crazy Mama'. Il jouait de tous les
instruments et on utilisait une boite à rythme. On avait
besoin de matériel pour 'Crazy Mama', alors j'ai appelé Jerry Bradley, le fils d'Owen, en lui disant que j'avais
besoin d'un multi-piste. Il m'en a filé à un prix
ridicule. Je lui ai promis plus d'argent si on le vendait. On travaillait
la nuit. J'ai mis en place un groupe de musiciens, Karl Himmel à la batterie, Tim Drummond à la basse et Bob
Wilson au piano. Eric était à Nashville pour le
Show TV de Johnny Cash et Carl Raddle l'accompagnait. J'ai appelé
Carl : "Amène Clapton, on fait un album avec JJ. Clapton
n'est pas venu, mais Carl, oui. Il vint et joua de la basse sur
quelques titres, notamment 'Crazy Mama''. Il manquait quelque chose
à ce morceau. Que diriez vous d'une Slide ? J'ai appelé Mac Gayden, il est venu, s'est installé et a fait
sa prise. JJ a dit 'Enregistré ! Terminé ! On rentre'.
Mac dit "Je peux le faire mieux''. Cale a répondu "Tu
ne peux pas faire mieux".
Ashworth termina avec douze
chansons. A Los Angeles, Denny Cordell venait de lancer Shelter
Records en janvier 1970, en partenariat avec Leon Russell. D'origine
Irlandaise, Cordell avait démarré en Angleterre en
produisant les Moody Blues et en vendant des produits dérivés
"Beatles". Ensuite il démarra Regal Zonophone afin
d'enregister The Move et Procol Harum. Il débarqua
aux USA avec la troupe de Joe Cocker, vendant au passage
sa part de Regal Zonophone pour démarrer Shelter Records.
Shelter avait son quartier général à Hollywood.
Audie "Carl
Raddle boucla l'affaire avec Shelter. Il appela Leon : 'L'album
qu'ont fait Cale et Audie vaut vraiment le coup. Je pense que tu
devrais l'écouter'. 'Ok envoie moi une copie'. On a vite
copié les bandes et on les a envoyées à Carl.
J'ai toujours su que Leon nous signerait, mais c'est bien plus tard
que j'ai appris qu'il n'en avait rien eu affaire de la bande, mais
qu'il l'avait déposée sur le bureau de Denny Cordell,
et Cordell a adoré.
Le premier single 'Magnolia' avec 'Crazy Mama' en face B sortit le 5 juillet 1971. Il
ne fit pas beaucoup de vague, sauf à Little Rock ou Wayne
Moss, le DJ de la station locale (KAAY) passait la face B en
boucle. Wayne n'arrêtait pas de passer des coups de fil a
Ashworth en disant '"Hey ! Vos gars se sont plantés
dans les faces du disque". Finalement, Ashworth passa le message
à Cordell et juste avant Noël, Shelter ressortit 'Crazy
Mama' en face A avec 'Don' t go to Strangers' en face
B. Le nouveau 'couple' grimpa dans les charts jusqu'à la
22ème place. La plus haute place de tous les temps pour Cale.
Le premier album 'Naturally' sortit peu après.
Rolling Stone appela pour une interview durant laquelle Cale 'monosyllaba'
son parcours jusqu'à cet album.
Cordell l'embarqua en tournée. Pendant ses jours
de relache, Cale volait s'envoler vers Tulsa retrouver ses marques.
Les habits du vedettariat lui seyaient mal. Ashworth se souvient
de Cale lui disant : "Envoie moi le fric, et laisse les petits
jeunes devenir célèbres." 'Naturally' avait suffisamment
créé d'excitation pour donner à Cale le statut
de vedette, mais il prit la décision réfléchie
de ne pas le devenir.
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