Le travail du second album, 'Really', commença en Avril 1972.
Audie : "On a démarré chez
Quadraphonic à Nashville, fait quelques trucs à Muscle
Shoals et rajouter des cuivres au studio Barn. Cale aimait visiter
plusieurs studios et jouer avec des musiciens différents.
Il y avait plus de moyens pour 'Really' pourtant il était
clair que Cale avait une notion très particulière
de la manière de faire un disque. Il inversa l'équation
de Nashville qui dit que tout se fait autour de la voix. Dans un
mix de Cale, les instruments solos et la voix émergent à
peine, et il ne sont jamais réhaussés. Le son d'ensemble
est étonnant pour si peu d'instruments et si peu de notes.
Audie : "Cale voulait toujours atténuer
la voix. On s'asseyait près de la console, et chacun de nous
deux empêchait l'autre de toucher aux potentiomètres.
Il était sans arrêt en train de baisser le fader de
la voix. Il remixait sa voix au lit. Il disait que cela te concentrait
sur la musique plutôt que de t'en distraire. Les gens "entraient"
dans la musique. Il avait des idées bien arrêtées
sur le mixage."
L'avantage d'être
chez Shelter était la relative absence de pression autour
de la date de sortie d'un album. Les albums sortaient quand ils
étaient prêts. Cale écrivait généralement
seul. Ashworth "Dès lors que le premier album fut un
succès, il fallait d'autres chansons et Cale disait "J'ai
mis 30 ans pour assembler ce premier jet de chanson". Il y
avait une vague régulière de démo de gens désirant
placer une chanson sur un album de JJ Cale, mais il rejetait tout.
Il disait '"Tu sais, j'ai une amplitude vocale de trois notes.
Je ne peux pas faire cette chanson. C'est trop haut sur le pont.
Il faut faire simple pour que les gens comprennent. J'ai juste besoin
d'une petite niche, pour moi tout seul". Ashworth décrit
Cale comme "très conscient d'essayer d'être original
et sérieux dans la création d'un disque qui tienne
dans le temps. Il a une approche absurde du studio. Il amène
les chansons et un sac bourré d'idées d'arrangements.
Il fabrique sa chanson avec sa guitare en évoluant au fur
et à mesure qu'il avance, mais il est ouvert à toutes
idées.
Le 3ème album 'Okie' fut plus un disque maison que 'Really'. Le morceau, titre de l'album,
a carrément été enregistré sous le porche
de chez Cale et une majorité d'autres le furent dans sa maison.. "Cajun Moon" sortit comme premier single.
Le crac des sessions de Nashville, Reggie Young, un ancien du Bill
Black Combo, fit le solo. Un autre titre "Anyway the
Wind Blows" est une leçon de chose sur le fait
de rester simple. Un seul accord, une guitar Harmony à 50
dollars (personnalisée avec quelques centaine de dollars
de matériaux) et la simplicité des riffs de blues.
Cale paya un batteur pour la session, mais c'est une boite à
rythme qu'on entend sur le disque.
Cale partit ensuite pour
Nashville en 1975, Ashworth et lui créérent leur propres
studio, Crazy Mama, dans la masion d'Ashworth. Celui-ci raconte
: "John disait qu'on avait suffisamment loué et payé
d'heures de studio pour se payer notre propre équipement".
"J'amènerai la console, tu amèneras
ton Ampex 16 pistes. Il s'accapara une chambre ou il restait occasionnellement.
Il avait insisté pour que le studio ne soit pas trop décoré.
Il ramena une autre console de sa maison sur le lac, et enregistra
ici à mes cotés". Cale acheta une maison près
d'Andrew Jackson dans le Tennessee à Hermitage. Il était
assez éloigné pour que personne ne puisse lui tomber
dessus à l'improviste. disait-il. L'achat fut d'autant plus
facile que Lynyrd Skynyrd avait mis " Call Me the Breeze"
sur leur multi disque d'or 'Second Helping'. IL y
avait plein de truc à faire à Nashville, mais en fait
Cale participa rarement aux sessions des autres. Il joua sur l'album
d'un chanteur français, Eddy Mitchell, travailla sur "Comes A Time" de Neil Young et "Angel
Clare" de Art Garfunkel. Il produisit, pour
Shelter, l'album du bluesman de Chicago, Jimmy Rogers, sinon
comme dit Ashworth "Cale était toujours occupé
à ne rien faire". Il acheta un mobile home Airstream
et le parqua à KAO, une résidence pour mobile home
près de Opryland, et vivait la de temps en temps. Comme il
détestait l'hiver à Nashville, il embarquait son mobile
home en Floride ou en Californie.
Il s'était passé deux
ans entre "Okie" et "Troubadour". "Hey Baby" fut le premier single issu de
'Troubadour'. Il resta 3 semaines dans le Hot 100. La face B était "Cocaine". Cale avait apporté la
chanson à Ashworth en la présentant comme une pièce
de jazz dans le style Mose Allison.
Ashworth dit "Tu veux te faire de l'argent ? "Ouais"
répondit Cale. "Et bien tire donc de ce morceau une
chanson rock. Il repartit chez lui et changea les arrangements,
il tripla l'enregistrement du riff et refit la partie de basse. Reggie Young fit le chorus. Et on réenregistra l'ensemble.
Reggie dit "Laisse moi le refaire. Je peux l'améliorer".
Cale répondit "Non, impossible ! C'est terminé
!".
En avril 1976, Cale surmonta sa peur de l'avion et vint
en Europe pour la promotion de Troubadour. "Je jouais au Hammersmith
Odeon à Londres lorsque que Carl Radle et Eric (Clapton) vinrent s'asseoir avec nous" raconta-t-il à Nicky
Horn pour Channel 4. "On est tous descendu au studio, et
Eric nous a surpris avec sa version de "Cocaine". Ma version
était sortie depuis un an et je ne trouvais personne pour
la jouer. Le plus dingue de l'histoire, c'est que 5 ans après,
tu t'asseyais dans un bar et t'entendais tout le monde jouer ça".
La version de Clapton sortira sur "Slowhand" et
en face B de "Tulsa Time". Tant de compositeurs
se serait damnés pour une seule reprise de Clapton; Cale
en eu plusieurs.
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