LG : Racontez-nous comment
vous avec commencé à fabriquer des guitares
en France.
Degtiarev : J'ai
toujours fabriqué des guitares et j'ai commencé
en Russie. Maintenant, je suis installé comme
luthier en France. Pourtant, en France, c'est plus difficile
de s'imposer comme luthier car il y a beaucoup de bons
luthiers. Mais cela crée une concurrence saine,
ce qui est stimulant : on veut toujours faire mieux.
Et je trouve qu'il y a une très bonne ambiance
entre les luthiers. Sur ce festival en particulier,
cela me fait plaisir que les gens viennent spontanément
parler, proposer leurs services
LG : Quels argument
mettriez-vous en avant pour faire la promotion de guitares
de luthier par rapport aux guitares de série
?
Degtiarev : Eh bien,
je vais faire une comparaison : si vous commandez une
robe chez un couturier, si c'est un bon couturier, il
va vous coudre une robe qui est parfaitement sur-mesure,
et vous allez être très belle, car il n'y
aura aucune robe plus personnelle. Et vous pourrez aussi
demander au couturier d'ajouter quelques fioritures
selon votre goût et il exécutera exactement
ce que vous voulez. Alors que quand vous allez acheter
une robe en magasin, il est rare que vous trouviez une
robe où tout va vous convenir parfaitement, vous
trouverez toujours quelque chose à revoir.
LG : Et justement alors,
de quelle manière travaillez-vous avec vos clients
?
Degtiarev : Avant
je fabriquais des guitares pour moi, et je me suis mis
à les proposer à la vente. Et très
vite, j'ai compris que je ne pouvais pas les fabriquer
dans mon coin, que la collaboration avec le client était
importante. Car un client qui va en magasin peut très
bien trouver un choix très important, mais quand
il vient chez vous, il attend quelque chose de plus.
Souvent, il y a un point particulier qui le préoccupe,
il cherche quelque chose de précis et donc, vous,
parce que vous travaillez à la main, vous pouvez
apporter cette personnalisation et lui créer
un instrument qui lui convient parfaitement.
De plus, je considère que quand on travaille
avec des gens, quand on s'intéresse aux préoccupations
des uns et des autres par rapport à un instrument,
on apprend beaucoup plus ; on va te dire " tiens,
là, il y a un défaut " ou bien "
là, il manque quelque chose "
et c'est
comme cela qu'on évolue dans ce métier.
Et quand on travaille vraiment pour des professionnels,
ils savent exactement ce qu'il veulent, ils ont une
approche très technique de tout ça, et
c'est également très enrichissant : parfois,
ils me permettent vraiment de me dépasser et
de créer des choses auxquelles je n'aurais jamais
pensé tout seul !
Interview réalisée par
Christine Hamdi
le 30/10/2005
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