LG : Que dirais-tu à
un guitariste qui hésite entre une guitare de
luthier et guitare de série ?
Thomas Fejoz : C'est
incomparable. Choisir une guitare de luthier : c'est
se tourner vers un autre univers déjà
en rêvant la guitare que l'on aura à travers
les bois, les timbres et en l'imaginant au niveau esthétique.
Concrètement c'est se faire fabriquer sa guitare.
On ne passe ni par un magasin ni par un importateur
c'est-à-dire acquérir une guitare qui
a été fabriquée dans une usine
en Chine. Personnellement, ce n'est pas comparable.
Lorsqu'un client vient me voir pour une guitare, je
vois dans les yeux de la personne si vraiment il se
passe quelque chose, si elle a envie d'une guitare de
luthier. Le guitariste qui essaye les guitares en les
comparant à sa Takamine n'est pas sérieux
et cela n'aboutit à rien.
LG : Peux tu nous expliquer
ce qui se passe lorsque tu ne sens pas cette envie chez
un client ? Lui déconseilles-tu de prendre une
guitare ? tu te tires une balle dans le pied ?
Thomas Fejoz : Je
cours pas derrière le client puisque j'essaye
pas de vendre à tout prix. Si je constate qu'il
se passe quelque chose, qu'il y a un contact humain
avec la personne c'est une bonne base.
LG : Travailles-tu dans
la conception de la guitare avec le client ou crées-tu
ta guitare et le musicien choisit à l'atelier
Thomas Fejoz : Il
y a deux cas. La plupart du temps, le musicien a une
idée précise de sa guitare. Mais parfois
certains musiciens ont une idée aussi vague c'est
pourquoi ils me laissent carte blanche ce qui est plus
rare. Dans ce cas là, je le guide et je n'ai
pas envie qu'on me demande des choses niveau esthétique
qui me déplaisent.
LG : Donc tu n'es pas
près à dénaturer le caractère
de tes guitares
Thomas Fejoz : Non.
En général on trouve un compromis. Le
client n'est pas fou non plus il sait que pour que je
fasse du bon travail il faut que cela me plaise : il
est arrangeant. Au final la guitare plait aux deux.
Interview réalisée par Christine
Hamdi le 30/10/2005
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