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17 ème édition du festival guitare d'Issoudun
octobre 2005

Michel CHAVARRIA - LAG - Coordonnées - Interview

Interview réalisée par Christine Hamdi le 30/10/2005

LG : Qu'est ce que vous diriez à une personne pour défendre le fait qu'une guitare de luthier est meilleure qu'une guitare de série ?

Michel Chavarria : Il y a plusieurs arguments d'une part les arguments techniques et d'autre part les arguments philosophiques. Pour ce qui est des arguments techniques, un luthier choisira des matériaux à l'unité suivant la volonté du guitariste. C'est une mise à disposition d'un savoir accumulé au fil des années. En essayant de répondre aux demandes des uns et des autres on cumule un savoir faire comme un docteur. Par rapport au matériau, c'est choisir le bon matériau par rapport à la volonté et aux orientations de l'instrument commandé par le client.
Ensuite philosophiquement je pense qu'à un certain niveau de qualité une guitare n'est pas un instrument qui se commande sur un catalogue. Une guitare qu'elle soit électrique ou acoustique d'un certain niveau elle se touche et elle se sent. Alors qu'un instrument industriel ne peut pas être apprécié comme tel. En effet, le principe de l'industrie est de rationaliser toutes les étapes et tous les matériaux afin de faire un produit sans soucis. Mais un produit automatiquement nivelé complètement rassemblé autour des préoccupations essentielles de l'industrialisation : la fiabilité et le meilleur rapport qualité prix. Le souci du luthier est différent car le luthier est souvent sur le fil du rasoir il est à la limite de la résistance car il veut que la guitare vive donc il est sur des épaisseurs très particulières. Il joue avec les matériaux et les équipements il est donc dans une situation artistique et pas dans une situation industrielle.

LG : Ces dernières années LAG a beaucoup évolué en terme de volume de ventes, comment préservez vous votre métier de luthier dans ce contexte?

Michel Chavarria : Nous avons une volonté de garder un tout petit atelier à Bédarieux dans l'Hérault, qui est le lieu de LAG depuis des années où on fabrique toutes les guitares haut de gamme et tout le développement de l'ensemble des gammes. Il y a neuf personnes dont huit personnes à la production. D'ailleurs on n'a jamais dépassé ce seuil depuis vingt cinq ans et la garantie est là. C'est un tout petit atelier qui crée à la manière artisanale avec des techniques un peu plus industrielle. Au lieu de faire deux à cinq guitares par mois nous en faisons cent et nous les faisons dans un mode artisanal. Ensuite au niveau du développement on arrive à des quantités de l'ordre de trente mille guitares c'est la prévision pour le budget 2006. Nous avons deux usines en Asie qui fabriquent le moyen de gamme sous mon contrôle et ma responsabilité. On a préservé la survie de l'atelier en ayant une gamme asiatique qui ne pollue pas car c'est une gamme inférieure et qui ne pollue les luthiers non plus car ce sont des instruments "d''apprentissage". Avec ces volumes cela nous permet d'avoir un volume de vie très raisonnable et de poursuivre cette activité haut de gamme c'est-à-dire de la financer comme une usine telle que Renault finance des voitures de course avec un atelier de formule 1. S'il ne faisait que de la formule 1 il serait mort depuis longtemps.

Interview réalisée par Christine Hamdi le 30/10/2005

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