Salif
Keita
D'après les bruits de festival, Salif Keita (en concert
la veille au festival de Thau) aurait fait les frais d'une série
d'incompréhensions et d'erreurs qui l'auraient bloqué
un long moment en transit en France, occasionnant un retard conséquent
dans l'organisation des balances et des répétitions.
Du coup, le son sera fuyant pendant les 3 ou 4 premiers morceaux
d'un set copieux de près de 2 heures, servi par un backing
band hors pair et très pro. En tournée depuis plusieurs
semaines, le groupe joue comme un seul homme pour un concert très
maîtrisé, construit en grande partie autour de ses
deux derniers albums, Moffou et M'bemba. Autour des
basse, guitares et batterie, les couleurs africaines sont tirées
de la kora, deux percussionnistes (calebasse et congas) et deux
choristes-lianes qui ondulent en rythme. Salif Keita, même
s'il semble fatigué par cette longue tournée et ses
aléas garde une voix forte, précise et claire, jusqu'aux
derniers morceaux du concert, et qui fera même souffrir ses
choristes, peinant à trouver la note juste derrière
ce stentor sur Madan, jouée en rappel. Simplicité
d'une musique nourrie des remous du fleuve Niger et de la tradition
malienne, que vient souligner les sons incroyables de djembé
vaudou que tire le percussionniste de sa calebasse, frappée
de la main ou des bagues qui l'ornent. Musique qui respire et laisse
place à chaque musicien le temps d'un coup de projecteur
sur la kora, le djembé ou les congas, permettant ainsi aux
autres protagonistes de reprendre leur souffle. Un très beau
concert que viendra illuminer Salif dans un instant de grâce
: alors que toutes les lumières se sont rallumées
sur le public, il revient sur scène, sans lumières
et quasiment au milieu des techniciens qui commencent à s'activer,
pour chanter a capella le premier couplet de Yamore, avant
de s'éclipser pour de bon.
Photo : Pilar Hurtado
Stephane
Andrieu le 01/08/2006
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