Seun Kuti
& Egypt 80
A 22 ans, sans
enregistrement en poche, Seun Kuti, le plus jeune fils de
Fela, accompagné des musiciens de son père
débute une carrière internationale et foule ses premières
scènes européennes. A voir les dix-huit musiciens
qui envahissent la scène (18 !!!), maquillés comme
au Shrine, et avant même que le première note
n'ait été jouée, une certaine tension doublée
d'expectative saisit le public, plus nombreux que la veille. Une
section cuivre, des choristes (qui à la différence
de celles de Salif Keita ne dansent pas de manière synchronisée,
gagnant en liberté , spontanéité, et aussi
d'une certaine forme de sauvagerie), une section de percussionnistes,
des musiciens pour certains dans le groupe depuis plus de 30 ans
et entièrement dévoués à la cause de
l'afro beat le plus torride et du gamin qui dirige cet ensemble
à la manière de son père, en grand timonier
sûr de son geste, de sa force et de sa classe. D'un physique
où domine le magnétisme, Seun Kuti n'épargnera
rien de la ressemblance avec Fela : même présence animale,
même voix, même façon de se mouvoir et de danser.
Habitué à la scène depuis son enfance, on le
sent parfaitement à son aise dans cet élément,
indiquant d'un geste les interventions des cuivres ou des percussions,
faisant cesser le groupe d'un regard. Le concert sera sauvage, tribal,
et propulsé par tout le groupe (18 musiciens sur le même
riff, à l'épuisement) sur les standards de Fela, Colomentality,
ou Kalaputa show. Même rage enfin, mêmes revendications
et diatribes que son père pour sortir une Afrique exsangue
du néo colonialisme des multinationales et du pouvoir des
despotes. On se croit par instant propulsé dans le Lagos
des années 70, évacuant d'emblée l'idée
d'une quelconque ressemblance : c'est Fela qui joue ce soir. Un
très grand moment, qui laissera un public médusé
et totalement acquis.
Photo
: Jesus Alarcon
Stephane
Andrieu le 01/08/2006
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