Mon deuxième
challenge se précise : Valérie Duchâteau
va bientôt monter sur scène. Guitariste classique,
Valérie est aussi directrice de publication du magazine "Guitarist
Acoustic" le grand frère acoustique de la revue "Guitarist
magazine" du même éditeur. Après un long
partenariat avec laguitare.com qui s'est transformé au fil
du temps en une sincère amitié entre Valérie
et moi, les choses se sont gâtées pour des raisons
que je tairais par pudeur et qui se sont terminés par un
divorce, de mon fait, entre les deux médias mais aussi et
malheureusement entre les deux amis que nous étions. Voilà
donc la difficulté pour moi que d'écrire le compte
rendu de sa prestation sur scène. Difficulté que je
n'ai pas grand mal à surmonter car le divorce ne m'aveugle
pas sur la qualité artistique et humaine de Valérie
et je peux dire sincérement et sans détour le plaisir
que j'ai éprouvé à l'entendre et la voir jouer
ce soir sur la scène initiée par Michel Haumont.
Fermons cette parenthèse qui n'a guère d'intérêt
pour vous lecteurs mais que je souhaitais tout même ouvrir
!
Valérie
Duchâteau monte sur scène pour interpréter seule
deux pièces dont la première est de Jean-Sébastien
Bach. Par rapport à la première partie de ce concert,
nous entrons là dans un autre univers de la guitare qui,
comme l'a fait remarquer Michel en présentant Valérie
n'est pas assez présent sur la scène de Paris Guitare
Rendez-vous.
Une des choses qui frappe chez un musicien classique, c'est sa présence
physique, son rapport avec l'instrument. Les yeux fermés,
l'allure distinguée, l'osmose avec l'instrument et la grace
peuvent paraître exagérés pour certains qui
considèrent cela plutôt comme une mise en scène
qu'autre chose et que l'on enseigne très tôt aux jeunes
musiciens de musique classique. Cela peut être vrai au début
d'un concert avant que l'artiste s'imprègne de son univers
musical mais lorsque le musicien est alors enfin en place, c'est
tout le corps de l'artiste qui est en relation avec sa musicalité.
L'instrument, la composition et l'artiste ne font qu'un et l'élégance
des mains, du corps et l'expression du visage ne sont alors que
le reflet de l'émotion que nous offre l'artiste. C'est exactement
ce que l'on ressent lorsque Valérie joue sur scène.
La guitare classique ne pardonne pas car elle est très exigeante
et le droit à l'erreur est quasi nul surtout lorsque, comme
pour cette composition de Bach, le tempo y est très lent
et les notes précises et peu nombreuses. Dans d'autres styles
de guitares, cet aspect est moins présent et on remarque
moins ou on pardonne plus facilement des erreurs à un joueur
de blues, de folk ou de rock qu'à un guitariste classique.
Le jeu de Valérie est très précis, fluide tant
de la main gauche que de la main droite.
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Antoine
Tatich et Valérie Duchâteau
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Valérie Duchâteau et Bruno Mursic
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Valérie
accueille Antoine pour un duo sur une valse vénézuélienne.
Le quartet se rassemble ensuite autour d'elle pour un sublime Adagio.
La présence de Valérie est radicalement différente
en compagnie d'autres musiciens sur scène. Le plaisir d'être
aux côtés de ses amis est réellement visible
et le visage fermé et concentré en première
partie fait place parfois à un visage où domine un
sourire constant et un regard complice vis-à-vis des autres
musiciens. Le plaisir est palpable sur scène et il est sincère.
Valérie laisse ensuite Antoine acceuillir sa fille Nelly
pour interpréter "Rimes" de Claude Nougaro.
Antoine profite de cet instant pour présenter l'école
ATLA où il enseigne avec Eric. Certains éléves
sont présents dans la salle et j'ai d'ailleurs pu remarquer
la présence de beaucoup de jeunes, voir de très jeunes
par rapport aux éditions précédentes !
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Valérie
Duchâteau et Bruno Mursic
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Valérie Duchâteau et Michel Haumont
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Elève
d’Alexandre Lagoya, Valérie Duchâteau a une
particularité en tant qu'artiste classique et qui n'est pas
du goût de tous ses confrères c'est qu'elle joue autre
chose que du classique. Ses rencontres avec Marcel Dadi,
Chet Atkins, Larry Corryel ou Tom
Bresh lui ont permis d'aborder d'autres styles, d'autres
univers. On comprend alors qu'elle soit aussi à l'aise lorsqu'elle
interprète "Song for Kathy" de Dadi avec Michel
ou un morceau de Chet Atkins. La soirée se termine sur le
traditionnel "La Partida" avec le quartet, Michel et Valérie
qui seront rappelés pour "Sweet Georgia Brown" par un public
totalement séduit par cette soirée qui fut pour tous
un grand moment de plaisir.
Jacques Carbonneaux
le 04 février 2007
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