Thierry,
comment en es tu arrivé à ces illustrations sur le thème de
la guitare et surtout à l'idée de les envoyer aux artistes
?
Au début, c'était une guitare pour une carte de vœux et le
phénomène s'est enclenché car j'avais le projet d'un petit
fascicule mais je trouvais que les images seules faisaient
un peu pauvres. J'ai alors demandé à des copains chanteurs
et musiciens de faire des textes et des petits dessins et
après, ca a été l'avalanche : un artsiste en appelle un autre,
etc…
Tu n'as jamais pensé aux luthiers ?
Si, j'avais contacté un ou deux luthiers mais plutôt dans
l'idée d'une préface car je trouve que mes dessins ne tiennent
pas compte des soucis des luthiers. J'aurais bien aimé dessiner
une guitare de l'intérieur mais ca ne s'est pas encore fait.
La grande question : es-tu toi même guitariste ? (rires de
Michel Haumont) … Il suffit d'entendre Michel… en fait, j'ai
joué énormément lorsque j'étais étudiant. c'était l'époque
bien après Dadi, je faisais des petits spectacles avec des
copains, nous avions fait un disque mais je ne suis pas guitariste
…
Michel Haumont : … en fait tous les étudiants faisaient de
la guitare, ceux qui réussissaient leurs études l'arrêtaient
et ceux qui ne les réussissaient pas devenaient guitaristes.
Voilà en gros ! (rires)
Thierry Lamouche. : … j'adore ça et je continue à me
faire des plaisirs mais que je garde pour moi.
As tu assisté à certains des enregistrements. Si oui, en
tant que spectateur, passionné ou fan ?
Oui j'y ai assisté, j'estime déjà que c'était la moindre des
choses. Je n'étais pas présent pour tout et en tant que fan,
il y a des gens que je regrette d'avoir raté. Tous les artistes
du disque sont de qualité mais pour certains, j'ai une approche
un peu différente, c'est émotionnel. Par exemple, j'adore
le morceau que fait Laurent Roubach et ce que fait Jean-Michel
Kajdan mais je ne les connaissais pas avant. Il y a aussi
Yves duteil que je connais et qui m'a beaucoup aidé au début,
c'était l'occasion de leur dire merci…
Michel Haumont : …au moment précis des enregistrements, toutes
les illustrations étaient présentes et pour l'état d'esprit
des musiciens, c'était important de savoir que ce qu'ils enregistraient
était relié, d'une part à une œuvre commune et d'autre part
aux dessins de Thierry. Et il y a eu une nette différence
avant que les artistes aient vu les illustrations et après.
C'était une source d'inspiration.
Thierry Lamouche : Notre présence permettait aussi de rendre
le projet plus crédible. Nous avons essayé, Michel et moi,
de faire en sorte que l'un de nous soit toujours présent…
Qu'as-tu retiré de ce projet tant sur le plan humain qu'artistique
?
Sur le plan artistique, je suis comblé. Le travail de dessinateur
est un travail solitaire et il n'est pas évident de le montrer.
En plus, certains dessins font sourire, d'autres non, comme
celles de la guitare guillotine, la corde du pendu et la prison,
par exemple. Des gens qui se renferment dans leur musique
et la violence, ca existe. Et sur le plan humain, je suis
encore plus comblé car tout s'est vraiment bien passé. J'avais
même pas rêvé aussi beau…
Ce projet a-t-il été l'occasion de découvrir d'autres guitaristes
?
Oui, Romane. Je l'avais vu lors d'une manifestation mais je
l'ai vraiment découvert ici. Sylvain Luc aussi… J'en connaissais,
comme Dan Ar Braz mais pas comme on peut l'entendre dans l'album.
Roland Dyens dont j'avais écouté déjà un disque mérite vraiment
d'être découvert pour ceux qui ne le connaissent pas encore.
Michel, comment t'es venu l'idée d'un tel projet ?
C'est Thierry qui en voulant réunir les guitaristes et ses
dessins m'a mis l'idée dans la tête. C'était vague jusqu'au
jour ou le travail de Thierry a été présenté à Eric Basset
(Président de "Globe Music", le label qui héberge la "Collection
Guitaristes") qui de lui même a dit : "faisons un disque !!".
Comment as tu fait le choix des artistes ?
J'ai contacté les gens qui avaient déjà oeuvré sur les dessins
de Thierry et puis après ca c'est fait un peu comme disait
Thierry, un artiste en appelle un autre qui en appelle un
autre…
Et le choix des morceaux ?
Ca c'était rigolo à faire puisque l'idée du livre c'était
de rendre hommage à la guitare, et comme une Madeleine de
Proust, de revenir à une première émotion qu'on a eu avec
la guitare. Et les standards ont la particularité, au delà
de la qualité, d'être une pure émotion dans le parcours d'un
musicien. Et pour certains grands classiques comme "jeux interdits",
c'était avec une certaine pudeur et une humilité que nous
les avons joués. Comme si on retournait dans la maison de
notre enfance.
Quel est pour toi l'état de santé de la musique en France
?
Plutôt bien, elle est vivante, riche, variée, très présente
et bien consommée.
Quel est l'avenir de " collection guitaristes " ?
J'espère continuer et ca confirmera ce que j'ai dit sur l'état
de santé de la musique en France. L'idée de la collection,
c'est aussi d'indiquer à l'amateur de guitare les bons guitaristes
et ce, quels que soient ses goûts. Cette une manière de faciliter
au public l'accès à des albums quelquefois difficiles
à trouver dans les magasins. Pour l'instant, nous prévoyons
de publier 7 nouveaux albums courant 2000 : Manuel Delgado,
Jean-Félix Lalanne, Jean-Mi Kajdan, Don Tal Farlow & Philippe
Petit, Arnaud Dumond et François Ovide.
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