Comment vous
êtes-vous impliqué dans ce projet et avez-vous été surpris
?
J'ai été invité par Michel, on se
connait depuis fort longtemps. Il m'a exposé sa démarche
avec la fougue qu'il a habituellement pour ce genre de projet.
J'ai été un peu dubitatif au premier abord,
d'autant qu'il m'a demandé de jouer "NUAGES",
morceau que j'ai joué deux à trois milliards
de fois !! Donc bon, je n'étais pas vraiment convaincu
de le jouer une énième fois malgré que
- et ca c'est le miracle de la musique - j'ai toujours autant
de plaisir à le jouer. Alors après tout, une
fois de plus c'était pas dramatique. Ca a donc commencer
comme ca... J'ai été trés surpris par
la qualité de l'enregistrement. J'ai été
enregistré par Slim Pezin dans un studio du coté
de la Chapelle et j'ai
trouvé ça exceptionnel. Le son avec des micros
de 1953, j'ai été assez impressioné.
Tu as utilisé quel modèle pour l'enregistrement
?
Un modèle Dupont "Romane" électro-acoustique
qu'on a branché électro et acoustique... Ensuite,
l'idée de me mettre en relation avec Sacha Distel pour
faire une chanson qui, dans notre domaine, a quand même
été célèbre, ça m'a quand
même enchanté. J'ai alors écouté
la chanson originale qui était d'ailleurs trés
bien faite et puis j'ai pris le risque de refaire l'arrangement,
dessus.
Comment avez-vous fait le choix du morceau joué ?
C'est Michel qui me l'a imposé, pour tout te dire
!! (rires). Cela dit, avec du recul, c'était un très
bon choix car vu le concept de ce livre/disque, il fallait
des fers de lances de la guitare.
Qu’avez-vous retiré de ce projet sur le plan humain/artistique?
Malheureusement, nous avons été séparés
les uns des autres, on a pas pu tous travailler de "concert"
et pour un tel projet cela aurait été impossible.
Mais l'idée de me retrouver au milieu des guitaristes
et chanteurs/guitaristes par contre, ca m'a fait vraiment
plaisir parce que je ne me sens pas guitariste forcené,
je me sens musicien, artiste et j'aime beaucoup la complicité
de la chanson. Je suis un passionné de la chanson française
donc j'étais dans mon élément. A tel
point d'ailleurs que le magazine porte depuis ce mois-ci le
nom de "GUITARE&CHANSON"
.
Avez-vous découvert des guitaristes que vous ne
connaissiez pas ?
Non, je les connaissais tous déjà, mais
par contre ce que j'ai découvert, c'est la force avec
laquelle ils ont fait cet album. Ils ont tous sortis le meilleur
d'eux-mêmes. Et je suis très, très impressionné
du niveau technique et créatif. Je crois aussi que
c'est trés lié à la direction artistique.
Je pense que Michel Haumont pour le coup, a été
trés fort.
Est-ce tu peux dépeindre l'état de santé
de la musique et de la guitare en France ?
Ah oui, oui... elle est extrêmement malade, elle est à
l'agonie, de mon point de vue. Médiatiquement, on a
fait tout ce qu'il fallait pendant 20 vingt ans pour détruire,
et mettre la guitare au rang du placard à balais.
Mais qui ?
Un ensemble de vecteurs tel les médias télévisuels
et les médias électroniques parce qu'on a porté
le pôle d'attraction sur autre chose que l'instrument
de musique. En soi, ca peut être formidable mais cela
peut provoquer un contre-choc et là on a pas pensé
aux enfants et à la nouvelle génération.
On leur à dit "regardez, c'est formidable, c'est
l'avenir !!". Oui, très bien ce sont des soucis
d'avenir, mais ceux ci ne font pas de la création et
pas de la musique. On ne fait pas de la musique avec des ordinateurs.
Et malheusement, il y a des gens qui font tout pour vendre
n'importe quoi et je pense qu'ils ont véhiculé
une image de la musique qui n'est pas du tout en rapport avec
la réalité. Je trouve que là où
c'est beaucoup plus grave, c'est que ce sont les enfants qui
ont été pris en otage. Parce que les acheteurs
potentiels ont été ciblés extrêmement
jeunes. La musique techno, le rap sont des tendances musicales
uniquement à des buts financiers. Mais
ce n'est pas ca la musique, ça n'a jamais été
ça, et alors du coup tous ces momes qui ont été
pris en otage pendant un certain nombre d'années, se
retrouvent avec un âge plus conséquent aujourd'hui
et rien comme bagage musical. Il faut tout refaire, il faut
d'un seul coup montrer aux enfants que le trombonne est un
instrument formidable, qu'une clarinette, une guitare, un
piano ou qu'un violon. Et que c'est d'abord ça l'outil
principal pour lequel il va falloir ramer, car ce n'est pas
facile, pour apprendre à faire quelque chose et qu'à
partir de là, ils pourront utilisés les techniques
modernes pour gagner du temps dans les méandres de
la musique. Mais ça n'a été fait que
pour ca.
Pensez-vous qu'il existe une identité de la guitare Française
?
Oui, c'est évident, par Django.
Quels sont les différents modèles de guitares que vous
possédez ?
Moi je joue les guitares dans l'esprit de Django. Je pense
qu'on peut faire les outils de demain avec les outils du passé.
Je me sers d'un instrument conçu dans les années
trente que "j'ai fait mettre à jour" par
Maurice Dupont, qui est le luthier que je préfère
par rapport aux instruments sur lesquels je joue. Il a donc
utilisé ce symbole du passé pour faire une guitare
actuelle et moderne. Ce modèle est bleu
et est équipé avec un micro magnétique
et un piézo. J'utilise un ampli AER qui est un peu
la révolution des amplis électro-acoustique
de nos jours.
Si il ne devait rester qu'une seule guitare ?
Ca serait celle en bois, une guitare de famille celle
de mon grand père, un modèle de 1939 qui est
justement une guitare dans la plus pure tradition des guitares
de jazz acoustique qu'on faisait dans les années 30.
Penses tu que
le luthier tient une place importante dans l'évolution
de la musique d'un guitariste ?
Oui elle est essentielle parce que la musique évolue,
les techniques aussi donc le luthier est en adéquation
avec ce temps qui passe trés vite. Il se remet en question
année par année. Je vois Maurice Dupont toujours
à l'écoute de mes désirs. Les luthiers
ont une volonté d'être même en avance sur
le temps.
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